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Les supplices chinois et la torture sous la Chine impériale



Les fameux supplices chinois ont fait couler beaucoup d’encre et le terme bourreau chinois est resté une expression populaire. Cette image a contribuée au rejet de la Chine par l’opinion publique occidentale de part la cruauté des tortures infligées aux condamnés.

Confucius a exhorté la Chine à faire preuve de retenue dans l'imposition de la loi sur les gens. Mais des juristes comme Han Fei et Li si ont construit un système judiciaire extrêmement sévère. Tout est résumé dans ces propos de Li si, qui datent d’il y a 2200 ans :

« Seul un dirigeant intelligent est capable d'appliquer de lourdes peines pour les infractions légères. S'il y a des infractions légères effectuer de lourdes peines, on peut imaginer ce qui va être fait contre une infraction grave. Par conséquent, les gens n'oseront pas à enfreindre les lois. »

Ainsi la torture est spectaculaire et extrêmement cruelle pour dissuader la masse du peuple à commettre un délit ou à contester l’autorité.

Il y avait cependant des règles strictes sous les différentes dynasties chinoises : la compression des chevilles et des pieds sont des formes populaires de forcer les témoins à parler ou présumés criminels à confesser. Pour les pieds, les chinois utilisent un instrument appelé le Quen Kia. Si le condamné n’avouait pas, une deuxième tentative était autorisée mais pas au delà. Il était interdit de pratiquer cette question sur les moins de 15 ans et les plus de 70 ans.

Des délits mineurs tels que le vol mineur, sont généralement sanctionnés par les pouvoirs publics par le fait d’être fouetté dans les rues de la communauté locale. Une autre option est la bastonnade en présence du juge.

La Chine est célèbre pour ses variétés et l'utilisation de colliers en bois et des cages, appelé cangue : avec cette forme de punition, un grand collier en bois est fixé autour du cou d'un détenu et il doit être porté pendant une période variant entre deux semaines et trois mois. Pendant la journée, le délinquant doit se tenir dans un lieu public. Parfois, deux condamnés sont placés dans la même cangue.
Une autre option pour un juge est d’ordonner qu’un condamné ait une chaîne attachée autour du cou à laquelle est attachée une lourde pierre.
Les chinois ont également utilisés le pilori, un peu comme en Europe occidentale. C'était une forme populaire de punition pour des infractions mineures. La version chinoise a été le Tcha ou Kea.

Comme archidiacre de Hong Kong, John Henry Gray (1823-1890) a beaucoup voyagé à travers la Chine dans les milieu des années 1800. Il écrit: "Les procès et les tribunaux chinois du droit sont menées par la torture ... Les tribunaux sont ouverts au public…. Le juge lors de la conduite d'un procès est assis derrière une grande table, qui est recouvert d'un tissu rouge. Le prisonnier est obligé de s'agenouiller en face de la table .... Il est considéré comme coupable jusqu'à ce qu'il prouve son innocence…. Au cours du procès on demande au prisonnier demandé un grand nombre de questions suggestives qui ont une tendance à l'incriminer."

L'un des supplices les plus connu est le lingchi qui est une pratique qui est apparue au début du Xe siècle, sous les Liao (907-1125). Cette peine sera appliquée de plus en plus à partir du XIe siècle, servant de mesure de répression contre des révoltes sanglantes. Le démembrement sera inscrit dans le code pénal pour des crimes graves sous la dynastie de Yuan (1271-1368). Jusqu’à son abolition par les Qing en 1905, il servait à punir trois sortes de forfaits : les crimes de lèse-majesté (haute trahison, complot contre l’Empereur, rébellion) ; les crimes familiaux (en Chine, l’autorité de l’Empereur est assimilé à celle du père de famille) ; les crimes atroces et inhumains (organisation de bandits pour faire régner la terreur, découpage des parties du corps d’une personne vivante).

Le terme lingchi ne s’applique pas à tous les démembrements, mais uniquement à ceux qui ont été légalement prononcés par un tribunal. Il est difficile de savoir exactement comment il était codifié et pratiqué avant les Qing.

Appelé aussi « peines des huit couteaux », cette peine consistait à séparer en public les membres du corps d’une personne vivante attachée à un poteau. Le bourreau utilisait huit couteaux qu’il sortait d’un panier. Avec le premier, il évidait les seins. Le deuxième lui servait à entailler les biceps alors que le troisième appliquait le même traitement aux cuisses. Les quatrième et cinquième couteaux étaient employés pour couper les bras au niveau du coude et les sixième et septième à trancher les jambes au niveau du genou. Le huitième couteau servait à trancher la tête ou porter un coup au cœur. Pour ceux qui pouvaient se le permettre, il était possible de s’arranger financièrement avec le bourreau pour que le coup de grâce survienne plus tôt. Les restes étaient jetés dans un panier et la tête pouvait être exposée en place publique.

Ce châtiment qui a horrifié les Européens n’avait pourtant rien à envier à certaine pratiques occidentales. Jusqu’en 1789, les crimes de lèse-majesté étaient punis en France par l’écartèlement entre quatre chevaux alors que les chefs de bandits se voyaient attaché sur une roue alors que leurs membres étaient brisés avec une barre en fer. En Angleterre, les condamnés étaient coupés en quatre (quartering). Les corps démembrés étaient aussi exposés en place public. Il fallut donc un siècle de plus à la Chine pour abolir ces peines cruelles bien que les lettrés y aient œuvré dès leurs origines.

Il existait d'autres tortures comme éplucher la peau qui était utilisée surtout sous les Ming et qui consistait à à séparer les couches de peau du reste du corps à partir de la colonne vertébrale, et ensuite à éplucher doucement la peau. Autre supplice l'écartelement par les chevaux où la victime est attachée par la tête, les deux bras et les jambes à 5 chevaux. Ces chevaux sont ensuite fouettés afin de courir rapidement dans les 5 directions en même temps, jusqu’à séparer les membres du corps. Sous la dynastie Han, le roi Han GaoZu décéda, la reine sa femme attrapa alors l’amante du roi et lui coupa la langue, les bras, les jambes, lui sorti les yeux des orbites, et la laissa ensuite vivante dans la porcherie… autres supplices chinois : la cuisson, la castration, l'empalement ou l'insertion des aiguilles. Certains condamnés se faisaient enterrés vivants.

Pendant les dernières années de la dynastie des Qing (1890-1911) des efforts ont été faits pour moderniser le système, parce que les peines sévères de criminels ont provoquées des réactions d'autres pays mais aussi par les révolutionnaires en Chine qui utilisaient ces exécutions pour démontrer la cruauté du régime impérial (pour rappel la Chine était dominé par les Mandchous). Voici une série d'illustrations montrant les différents supplices pratiqués durant la Chine impériale, elles parlent d'elles-mêmes :


















L'Empereur Xuantong (Puyi), le dernier empereur de Chine

Le dernier empereur de Chine, Xuantong (1906-1967), est aujourd'hui plus connu en occident sous le nom de Puyi, et pour ses mémoires qui ont été portées à l'écran sous le titre Le Dernier Empereur. Neveu de son prédécesseur, il monta sur le trône en 1908, à l'âge de trois ans, et son règne s'acheva le 14 février 1912, par l'édit d'abdication signé par le régent (son père) et l'impératrice douairière. L'accord négocié entre le général Yuan Shikai et le gouvernement républicain, qui venait de se proclamer dans le Sud, ménageait une voie honorable pour le jeune souverain qui gardait son titre, ses biens et la Cité interdite.

Entre 1912 et 1924, la Cour maintint un semblant d'existence autour de Puyi. Celui-ci poursuivit son éducation avec, entre autres tuteurs, l'écossais Reginald Johnston, dont les mémoires ont également été largement publiées. En 1924, la Cité fut nationalisée par le général chrétien Feng Yuxiang, qui venait de réussir un coup d'Etat à Pékin.

Puyi se réfugia à l'ambassade japonaise, sous la tutelle de laquelle il passa plusieurs années. Il se consacra à l'observation des fourmies. En 1932, ses mentors japonais transforment la Mandchourie en état indépendant. En 1934 Puyi accepte le trône du Mandchoukouo et prête serment au Mikado avant d'être proclamé empereur sous le nom de Kang Teh. Il joue ce rôle jusqu'en 1945.

Capturé par les communistes chinois à la fin de la guerre civile (1945-1949), il est enfermé au camp de Fushun. Après neuf ans de rééducation, c'est un homme nouveau, un bon citoyen communiste qui rédige son autocritique. Amnistié le 18 octobre 1959, Puyi est employé au jardin botanique de Pékin puis comme archiviste au bureau des affaires culturelles avant d'obtenir un siège au Congrès national du peuple chinois en 1962.

Puyi décède le 17 octobre 1967. Il entre au panthéon communiste en 1980. Son urne funéraire est déposée près de celles des héros révolutionnaires, ironie de l'histoire pour le dernier empereur de la Chine impériale.

Wanli, un empereur chinois de la dynastie Ming

L'Empereur Wanli (1564-1620), est un empereur chinois de la dynastie des Ming. Il monte sur le trône à la mort de son père : il n'a que neuf ans, mais sa précocité et sa prestance impressionnent déjà son entourage. la régence d'un parent de l'empereur étant exclue sous les Ming, c'est un haut fonctionnaire, Zhang Juzheng, qui assume le pouvoir et entreprend d'efficaces mesures de restauration économique. La mort de Zhang Juzheng en 1582 marque la fin d'une période de prospérité.

L’empereur wanli se montre alors de plus en plus irrésolu, sensuel, extravagant et despotique ; à son goût pour la luxure s'ajoute un mauvais entourage. Les eunuques reviennent au pouvoir. Les dépenses somptuaires de la famille impériale, le gaspillage (notamment pour la construction du futur tombeau de l'empereur), la corruption et les campagnes militaires ruineuses amènent peu à peu la faillite de l’État. Ainsi la victoire acquise sur les Japonais qui tentent d'envahir la Corée, alors territoire chinois, est chèrement payée.

A partir de 1618 ce sont les Mandchous qui menacent les provinces du Nord-Est. Les mesures prises alors pour renflouer les caisses de l’État, notamment l'augmentation des impôts sur la paysannerie et celle des taxes commerciales, ne font que détériorer le climat social. La fin du règne de Wanli est marquée par une grave crise politique opposant les eunuques aux lettrés indépendants de l'académie Donglin, principal centre d'opposition. Bien que son règne soit le plus long de la dynastie, il en marque le déclin.

Qianlong, un empereur de la dynastie Qing


Quatrième fils de Yongzheng, et petit fils de l'empereur Kangxi, Qianlong (1711-1799) se fait remarquer par son grand-père pour son adresse au tir à l'arc pendant les grandes chasses impériales. En 1735, à l'âge de vingt-quatre ans, il accède au trône à la mort de son père.Son règne est comparable en longueur et en éclat à celui de Kangxi, dont il complète l'oeuvre, notamment dans le domaine des conquêtes territoriales en Asie centrale et au Tibet, les rois et princes de l'Annam, de la Corée, du Siam, de Birmanie...reconnaissent la puissance de l'Empire et viennent lui porter tribut.

Comme ses prédécesseurs, Qianlong se veut lettré, confucéen, poète et calligraphe. Patron des arts et des lettres, désarmant ainsi les opposants à la domination mandchoue ; il fait notamment entreprendre une gigantesque compilation des oeuvres chinoises connues à l'époque, le Sikuquanshu. Dans le même temps, il donne satisfaction aux populations limitrophes intégrées à l'Empire, en patronnant le bouddhisme tibétain et la construction des monastères. Il est donc difficile de faire part entre ses croyances personnelles et ce qui relève de la diplomatie ; on sait néanmoins que Qianlong fut élevé dans une atmosphère de piété religieuse lamaïque, qu'il apprit le tibétain et fut initié aux rites tantriques par le plus grand lama de Pékin.Sous son règne, l'Empire est prospère, le commerce florissant mais régulé par l’État.

Le régime est plus autoritaire que le précédent, voire plus tyrannique et ne tolère aucune opposition. Ainsi la promotion de l'ordre néo-confucéen, qui exige une soumission et une fidélité totales des sujets à l'empereur, s'accompagne d'un endoctrinement visant à légitimer l'origine mandchoue de la dynastie ; les oeuvres jugées non orthodoxes ou critiques sont censurées ou détruites, et leurs auteurs poursuivis.La fin du règne de Qianlong est assombrie par la corruption, les insurrections paysannes, des guerres ruineuses car trop lointaines, et des campagnes de répression contre les minorités rebelles qui tournent aux massacres. De plus l'Empire étouffe sous la centralisation bureaucratique. En 1796, à quatre-vingt-cinq ans, Qianlong abdique en faveur de son fils, Jiaqing, pour ne pas commettre l'incongruité de régner plus longtemps que son illustre grand-père.

Le banquet impérial à la cour des Qing




Les banquets en Chine revêtent une grande importance en raison de leur rôle dans les fêtes religieuses ; les jours de festin, où l'on consomme viandes et vins en quantité, alternent avec les jours ordinaires, maigres. La "cuisine impériale" (dont les recettes subsistent encore aujourd'hui) reflétait à la fois l'abondance des provisions fournies en partie par les tributs et les taxes en nature, et la diversité gastronomique de tout l'Empire.

D'après les mémoires d'une deme de la Cour, l'impératrice Cixi se voyait présenter cent vingt plats à chaque repas. Les cuisines impériales, où oeuvraient trois cents cuisiniers strictement surveillés, pouvaient servir quinze mille personnes en un délai court. Ceci ne signifiait pas nécessairement un plaisir gourmet, ni l'absence de contraintes. Une règle de la cour Qing voulait que le goût personnel de l'empereur restât secret : il ne pouvait marquer sa prédilection pour tel plat et ne pouvait en aucun cas se servir plus de trois fois du même. Ces règles étaient particulièrement importantes lors des fêtes.

Au banquet du Nouvel An, trois tables identiques (pour le Ciel, les hommmes et la Terre) étaient disposées dans la Cité interdite. La famille impériale mangeait à celle du centre. On servait trois types de mets : les plats auspicieux, dont le symbolisme était propre à favoriser l'année à venir ; ceux composés à partir du tribut provenant de différentes régions (pattes d'ours, poitrines de cerf, crevettes de mer) et de légumes de saison ; enfin venaient les raviolis, successivement cuits à la vapeur, glacés puis frits. Les eunuques qui dirigeaient la cérémonie disposaient des restes abondants.

La dynastie Qing (3ème partie) : Le déclin de la dynastie des Qing



Dans le courant du XIXème siècle, le pouvoir des Qing fut confronté à de nombreux problèmes intérieurs. La stagnation économique du pays, combinée à la forte augmentation de la population, conduisit à des disettes croissantes et à des troubles sociaux, tandis que la bureaucratie impériale, trop rigide, s'avérait incapable de gérer la situation. Malgré l'interdiction, le christianisme continua à être diffusé en Chine, via Canton et Macao.

La fin des guerres napoléoniennes entraîna une augmentation du commerce mondial, la Chine offrant un immense marché à conquérir. Le commerce avec l'Occident augmenta, les lourdes restrictions imposées par les Chinois suscitant des préoccupations et des tensions accrues. La grande demande en Occident pour des produits chinois comme la soie, le thé ou la céramique représentait un problème pour les commerçants européens, les Chinois n'acceptant de paiement qu'en argent. À partir des années 1830, les commerçants européens firent pression sur leurs gouvernements pour obtenir un relâchement des restrictions draconiennes posées aux échanges avec la Chine. La lutte des autorités impériales contre le commerce de l'opium aggrava les tensions et aboutit à un conflit ouvert entre la Chine et le Royaume-Uni : l'action du commissaire impérial Lin Zexu contre l'importation d'opium entraîna la mise sur pied d'une armada britannique, qui intervint en Chine et vainquit avec une certaine facilité des troupes chinoises pourtant très supérieures en nombre. La Chine fut conduite à signer le 29 août 1842 le traité de Nankin, premier d'une série de « traités inégaux » : l'Empire cédait Hong Kong aux Britanniques, tout en concédant l'ouverture de nouveaux ports au commerce international. L'humiliation inattendue de la Chine, sur les plans militaire et politique, aboutit à entamer très nettement le prestige des Qing.

En sus de son humiliation sur le plan international, l'Empire Qing était affaibli sur le plan intérieur par une succession de révoltes. Les catastrophes naturelles vinrent aggraver les tensions sociales : le Sichuan connut une terrible famine entre 1839 à 1841, de même que le Hunan en 1851. Le Yangtsé déborda en 1849, provoquant des inondations. En 1851 et en 1855, le Fleuve jaune sortit de son lit, noyant des milliers de personnes, et contribuant à provoquer la révolte des Nian. Déclenchée en 1851, la révolte des Taiping, menée par Hong Xiuquan, rebelle converti à une forme personnelle de christianisme, aboutit à la création d'une monarchie s'opposant à celle des Qing, le « Royaume céleste de la Grande paix ». L'Empire de Chine dut faire appel au Royaume-Uni et à la France pour mater la rébellion, qui ne prit fin qu'en 1864, au bout d'un conflit particulièrement meurtrier ayant fait entre 20 et 30 millions de morts.

Les revendications des pays occidentaux quant à la sécurité de leurs marchands et de leurs missionnaires aboutirent en 1856-1857 à de nouvelles interventions, désignées sous le nom collectif de seconde guerre de l'opium : l'arraisonnement du navire commercial Arrow provoqua l'intervention du Royaume-Uni, et l'exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine, celle de la France. L'Empire Qing, déjà mis en grande difficulté par la révolte des Taiping, ne fut pas en mesure de résister; les troupes chinoises furent à nouveau battues et les Qing durent accepter le traité de Tianjin. L'Empire de Russie obtint également la signature du traité d’Aigun, qui révisa le traité de Nertchinsk et lui permit de réviser la frontière russo-chinoise à son avantage, en annexant des territoires.

En1860, les réticences chinoises à ratifier le traité de Tianjin amenèrent à une nouvelle intervention anglo-française, qui se solda par une nouvelle défaite chinoise : après avoir écrasé les troupes mongoles à la bataille de Palikao, les troupes françaises et anglaises pillèrent le palais d’été et l'ancien palais d’été, tandis que l'Empereur Xianfeng était contraint à la fuite. La Chine fut contrainte à signer la convention de Pékin.
L'Empereur Xianfeng mourut en 1861 : son successeur, Tongzhi, était un enfant de cinq ans. Un coup d'État mené par l'impératrice douairière Cixi (Ts'eu-hi), ancienne concubine de Xianfeng et mère du nouvel Empereur, écarta le conseil des huit régents ; la régence fut assurée par elle-même, ainsi que par Yixin, le Prince Gong, frère de Xianfeng, et l'impératrice douairière Ci’an, autre ancienne concubine de l'Empereur défunt. Le Zongli Yamen, un équivalent de ministère des affaires étrangères, fut créé. Tandis que le Prince Gong tentait d'améliorer les relations avec les puissances occidentales, des hauts fonctionnaires impériaux, comme Zhang Zhidong ou Li Hongzhang se firent les avocats d'une modernisation du pays, en intégrant les leçons et la technologie occidentales pour renforcer la Chine. Armes, et machines occidentales furent acquises, tandis que des usines à l'occidentale étaient construites et que des militaires étrangers étaient engagés pour entraîner l'armée chinoise. Ce mouvement, désigné sous le nom d'« Auto-renforcement » prônait également la mise sur pied de forces terrestres et navales modernes, celles d'écoles techniques, la création de bureaux de traduction, ainsi que la traduction et la diffusion en Chine des ouvrages scientifiques occidentaux. La Chine devait également s'ouvrir aux cultures extérieures en envoyant ses élèves étudier à l'étranger.

À la mort prématurée, en 1875, de son fils l'Empereur Tongzhi, l'impératrice douairière Cixi (en photo) favorisa la montée sur le trône de son neveu Guangxu, alors âgé de trois ans. L'éviction du prince Yixin et la mort de l'impératrice douairière Ci'an laissèrent en 1881 Cixi seule régente de l'Empire. La corruption se généralisa dans l'administration impériale; l'Empire était militairement affaibli par la perte de sa flotte modernisée dans la guerre contre le Japon; la domination des puissances étrangères sur la Chine rendit de plus en plus évidente l'arriération technique et politique de la Chine. Le pouvoir chinois tenta d'améliorer la situation en modernisant son armée, créant la Nouvelle Armée, équipée et organisée à l'occidentale, et placée sous le commandement de Yuan Shikai.

Dans les années 1890, les mouvements nationalistes opposés tant à l'impérialisme étranger qu'à l'empire mandchou se développèrent, comme le Xingzhonghui (Société pour le redressement de la Chine ou Association pour la renaissance de la Chine) fondé à Honolulu en 1894 par Sun Yat-sen, ou le Huaxinghui (Société pour faire revivre la Chine), fondé par Huang Xing.

En 1898, l'Empereur Guangxu accorda une audience au lettré réformateur Kang Youwei et se rallia à ses idées : un audacieux programme de modernisation politique et administrative de la Chine fut aussitôt lancé, incluant une réforme en profondeur du système éducatif et l'adoption d'une constitution. Cette réforme se heurta cependant rapidement à l'opposition du camp conservateur, représenté par Cixi : cette dernière, avec l'aide du général Ronglu et bénéficiant de l'assentiment de Yuan Shikai, réalisa un coup d'État, s'emparant à nouveau de la réalité du pouvoir, au détriment de son neveu. L'Empereur fut déclaré incapable de régner et enfermé dans son propre palais, tandis que les réformateurs étaient réprimés.

À partir de 1898, un ensemble de sociétés secrètes mystiques et nationalistes, bientôt désignées sous le nom collectif de Poings de la justice et de la concorde (ou « Boxers », soit en français Boxeurs) agirent contre les étrangers, les symboles de modernité et les chrétiens chinois, multipliant les attaques et les meurtres. Les éléments les plus conservateurs de la cour impériale, comme le Prince Duan, leur apportèrent bientôt leur soutien, malgré l'opposition d'autres officiels comme Yuan Shikai. L'impératrice Cixi fut convaincue à son tour de soutenir les Boxers, vus comme des armes contre la domination étrangère. Les autorités impériales laissèrent les Boxers envahir Pékin et assiéger les légations étrangères, provoquant une réaction des Occidentaux et des Japonais. Les puissances étrangères formèrent l'Alliance des huit nations qui intervint militairement en Chine : en réaction, la cour impériale déclara la guerre à la coalition, mais subit une défaite militaire, tandis que les Boxers étaient dispersés. Les autorités Qing se retournèrent contre leurs alliés et participèrent à la répression menée contre les Boxers; la Chine dut cependant signer le protocole de paix Boxer et payer de lourds dommages de guerre, cette nouvelle humiliation s'ajoutant au discrédit de la cour.
Dans les premières années du vingtième siècle, des réformes furent entreprises pour tenter de sauver le système impérial : la suppression de l'examen impérial représenta un bouleversement majeur dans l'ordre social et politique du pays. Les réformes vinrent cependant trop tard, et n'étaient pas toutes achevées lors de la chute des Qing. 

En1908, Puyi, âgé de moins de trois ans, fut choisi par Cixi pour succéder à Guangxu. Les décès successifs, en quarante-huit heures, de Guangxu et de Cixi, laissèrent l'Empire dirigé par un enfant; la régence était assurée par le père de Puyi, Zaifeng (second Prince Chun). La cour impériale s'avéra à nouveau incapable de répondre à la gravité de la situation du pays, mécontentant les milieux d'affaires en voulant nationaliser les chemins de fer, ou tardant à réagir aux désastres causés par la crue du Yangtsé. A la mi-1911, le régent créa un cabinet ministériel majoritairement composé de nobles mandchous issus du clan Aisin Gioro, suscitant l'irritation d'une partie des élites. Le 10 octobre 1911, le soulèvement de Wuchang signa le départ de la révolution, dite révolution xinhai, menée notamment par les membres du Tongmenghui ; les provinces passèrent l'une après l'autre sous le contrôle des insurgés. Le 1er janvier 1912, la République de Chine fut proclamée, avec Sun Yat-sen comme président provisoire. Le premier ministre Yuan Shikai, ayant reçu des insurgés la promesse de la présidence de la République, parlementa avec la famille impériale et obtint de l'impératrice douairière Longyu la signature de l'acte d'abdication de Puyi. Le 12 février 1912, l'édit impérial annonçant l'abdication fut publié, mettant un terme au règne de la dynastie Qing comme à l'Empire de Chine. Quelques années plus tard, le 1er juillet 1917, le seigneur de la guerre Zhang Xun, ayant investi Pékin, décréta la restauration de Puyi avec le soutien de Kang Youwei ; cette tentative échoua cependant, et le 13 juillet, Duan Qirui décréta à nouveau la déposition de Puyi. Ce dernier fut, des années plus tard, remis au pouvoir par les Japonais, mais sur le trône de l'État du Mandchoukouo.

La dynastie Qing (2ème partie) : L’essor et l’apogée de la dynastie des Qing


Les premières années du règne de Shunzhi furent marquées par la régence de son oncle, le prince Dorgon. Ce dernier prit soin de conserver la bureaucratie Ming, ce qui assura la stabilité du système politique Qing. Suivant l'exemple de Huang Taiji, il exerça un pouvoir fortement centralisé. En juillet 1645, Dorgon émit un édit impérial imposant sous peine de mort aux chinois Hans l'adoption de la coiffure mandchoue, en se rasant le devant du crâne et en nouant les cheveux restants à l'arrière, sous forme de natte. Cette exigence, conçue comme un témoignage de loyauté, fut vécue par une partie de la population chinoise comme une humiliation et provoqua de violentes révoltes, qui furent réprimées dans le sang. Les femmes furent par contre autorisées à conserver les costumes et coiffures hans. Les fonctionnaires étaient tenus d'adopter le costume mandchou, les serviteurs pouvant conserver l'habit han. Progressivement s'opéra une fusion des coutumes mandchoues et hans sur tous les plans culturels, vestimentaires ou culinaires. L'Empire Qing adopta une politique autocratique sur le plan culturel, censurant de manière rigoureuse les œuvres littéraires et punissant tout auteur soupçonné de critiques politiques, même voilées. Une importante action fut cependant menée pour préserver le patrimoine littéraire chinois, établissant une vaste collection de livres anciens; la censure politique n'était cependant pas absente de ce travail patrimonial, certaines œuvres anciennes étant détruites si leur contenu déplaisait au pouvoir politique.

Les Qing durent encore mener des combats féroces pour pacifier la Chine, des chefs militaires, comme Koxinga, étant toujours loyaux aux Ming. Zhu Youlang, dernier prétendant au trône Ming, fut capturé et exécuté en 1662. La Chine ne fut réellement pacifiée qu'en1683.

Le 31 décembre 1650, Dorgon mourut dans un accident de chasse, la régence passant aux mains de la mère de Shunzhi, l'impératrice douairière xiao zhuang. En 1661, quelques années après avoir commencé son règne personnel Shunzhi mourut, probablement de la variole, à l'âge de 24 ans. Son troisième fils Xuanye, âgé de sept ans, lui succèda sous le nom de règne de Kangxi. Afin d'éviter une répétition de la régence de Dorgon, Shunzi désigna sur son lit de mort un conseil de régents, composé de quatre hauts fonctionnaires. Le pouvoir fut néanmoins accaparé au fil du temps par l'un des régents, le chef militaire Oboi. En 1669, l'Empereur, alors âgé de 15 ans, réalisa un coup de force pour prendre personnellement le pouvoir, emprisonnant le régent Oboi.

Le règne de l'Empereur Kangxi (en photo) dura 61 ans et amena une progressive stabilisation du pays. La Chine devait encore, au début de son règne, affronter de nombreux conflits internes et externes : plusieurs affrontements militaires opposèrent la Russie et la Chine entre les années 1650 et 1680. Vers 1674, l'Empereur dut affronter la révolte des trois feudataires, menée par les généraux Wu Sangui, Geng Jinzhong et Shang Kexi. Wu Sangui tenta en 1678 de prendre le pouvoir en se proclamant Empereur mais mourut peu après, et la révolte fut matée en 1681. En1683, l’île de Taïwan, prise vingt ans plus tôt par Koxinga, fut reprise par les Qing, mettant une fin aux révoltes naguère lancées par les loyalistes Ming. En 1689, le traité de Nertchinsk fut conclu avec la Russie, mettant un terme aux conflits entre les deux pays, établissant entre eux des relations commerciales et écartant la menace russe sur la Mandchourie. L'Empereur dut également gérer les relations avec les différentes tribus mongoles : en 1696, il prit personnellement la tête d'une campagne militaire contre les Dzoungars. La rébellion des Dzoungars continua dans les années suivantes; ils s'emparèrent de Lhassa en 1717, la ville n'étant reprise qu'en 1720. La Chine poursuivit son expansion, imposant au fil des décennies son protectorat au Tibet, à la Mongolie et à la Kachgarie.

Les règnes de Yongzheng (de 1723 à 1735) et Qianlong sont considérés comme le zénith de la puissance de l'Empire Qing, qui s'étendait alors sur 13 000 000 kilomètres carrés. Administrateur autoritaire, Yongzheng réforma l'examen impérial et réprima la corruption financière et le trafic de pièces chez les fonctionnaires. En 1733, l'Empereur créa le Grand Conseil, qui fit office d'organe de décision à la cour impériale. À la mort de Yongzheng, son fils le Hongli lui succéda sous le nom de règne de Qianlong. Général compétent, il mata des révoltes dans le Xinjiang, le Sichuan et en Mongolie.

Le règne de Qianlong fut cependant marqué par un développement de la corruption chez les fonctionnaires impériaux. Déclenchée en 1796, la révolte des mouvements désignés sous le nom collectif de secte du lotus blanc, combina des revendications contre les impôts et un sentiment anti-mandchou; le mouvement mit huit ans à être maté, au cours d'un conflit qui se solda par environ 16 millions de morts.

La dynastie Qing (1ère partie) : La conquête de la Chine

La dynastie Qing est la dernière dynastie impériale à avoir régné sur la Chine de 1664 à 1912. Elle a succédé à la dernière dynastie Han, la dynastie Ming. En rébellion ouverte contre les Ming dès 1616, les Mandchous prirent progressivement le pouvoir dans l'ensemble de la Chine.


La dynastie fut donc fondée non pas par les Chinois Han, qui constituent la majorité de la population chinoise, mais par des Mandchous, qui de nos jours ne représentent plus qu'une minorité ethnique en Chine. Les Mandchous descendent des Jurchens un qui vivait dans la région comprenant l'actuelle province russe du kraï de Primorie et la province chinoise du Helongjiang.


La Dynastie a été fondée par  Aisin Giorio Nurhachi (en photo), un chef d'une tribu mineure Jurchen dans le Jianzhou, au début du XVIIème siècle. Vassal de la dynastie des Ming, il fut à partir de 1582 mêlé à un conflit opposant les différentes tribus mandchoues. Les luttes armées entre tribus devinrent bientôt une guerre régionale, visant à l'unification des tribus Jurchen du Jianzhou. Dès 1616, Nurhaci avait suffisamment pris de pouvoir sur la région pour s'auto-proclamer « Khan du Grand Jin », en référence à la précédente dynastie Jurchen. 



En 1618, Nurhaci entra ouvertement en rébellion contre les Ming en émettant les Sept Griefs contre la tyrannie impériale]. Cela lui permit d'unifier sous sa bannières les dernières tribus Jurchen encore alliées à la dynastie Ming. Remportant une série de victoires militaires contre les Ming, Nurhaci déplaça sa capitale de Hetu Ala à de plus grandes cités récemment conquises dans la province du Liaodong, telles que Liaoyang en 1621, puis Shenyang, qui fut par la suite renommée Shenjing. Les Mandchous assurèrent par la force leur autorité sur les Hans, les premières révoltes étant matées de manière sanglante.


En déplaçant sa cour du Jianzhou vers le Liaodong, Nurhaci s'assura d'importantes ressources matérielles et humaines, se rapprochant également des tribus mongoles. La nation mongole née sous Gengis Khan n'était depuis longtemps plus qu'un peuple fragmenté : ces tribus désunies présentaient cependant toujours une sérieuse menace pour les Ming. Nurhaci s'assura l'amitié et la coopération des Mongols, qui lui apportaient leur savoir-faire militaire : il favorisa les mariages entre les lignées des aristocraties jurchen et mongole, créant des liens familiaux entre les élites des deux peuples; la politique de Nurhaci prit également l'aspect d'un rapprochement culturel, créant pour la langue mandchoue un nouvel alphabet, inspiré de l'écriture mongole. Une administration civile et militaire fut également mise en place pour favoriser l'unité des tribus jurchen, formant l'embryon du système des huit bannières.



En janvier 1626, Nurhachi connut sa première défaite militaire majeure, ses troupes étant battues par celles du général Yuan Chonghuan durant le siège de la ville ming de Liaoning; il mourut quelques mois plus tard, soit de maladie, soit des suites de blessures subies sur le champ de bataille. Après une brève rivalité successorale, son huitième fils Huang Taiji prit la tête des Jurchens. Le règne de Huang Taiji commença dans un contexte militaire difficile, les Jurchens étant à nouveau battus en 1627 par les troupes de Yuan Chonghuan, l'armée Ming bénéficiant de nouveaux et puissants canons achetés aux Portugais. La même année, Huang Taiji envahit la Corée, à laquelle il impose des traités commerciaux. Pour remédier à cette disparité de moyens, Huang Taiji créa en 1634 son propre corps d'artillerie, à l'aide de soldats Hans et d'artisans chinois capturés, qui confectionnèrent des canons sur le même modèle que ceux des Ming.



En 1635, Huang Taiji adopta le nom de "Mandchou" pour désigner l'ensemble du peuple Jurchen. La même année, les alliés Mongols furent entièrement incorporés, dans une Bannière distincte mais sous le contrôle direct des Mandchous. En 1636, face aux velléités d'autonomie des Coréens, les troupes de Huang Taiji envahirent à nouveau la Corée, réduisant la Dynastie Choson à la vassalité. En 1637, les deux premières Bannières Han furent créées; en 1642, les huit bannières étaient formées. Ces réformes militaires contribuèrent aux succès de Huang Taiji, qui battit les troupes Ming dans une série de batailles entre 1640 et 1642, prenant le contrôles des territoires de Songshan et de Jingzhou. Cette dernière victoire permit aux Jurchens d'obtenir la reddition des troupes les plus puissantes de l'armée des Ming, et le retrait des défenses au nord de la Muraille de Chine.


Au fil des années et des progrès de ses troupes, Huang Taiji constitua une bureaucratie étatique semblable à celle des Ming, suivant les conseils de fonctionnaires impériaux ralliés à sa cause. Contrairement à son père, le souverain Jurchen ne considérait pas les Hans comme des ennemis potentiels et s'employa au contraire à leur faire une place dans son administration et son armée, s'assurant des loyautés.


La mort de Huang Taiji, en septembre1643, laissa les Qing dans l'incertitude, aucune règle claire de succession n'existant à l'époque. Hooge, fils aîné de Huang Taiji, et son demi-frère Dorgon revendiquant tous deux la succession, la situation fut résolue par le choix de Fulin, fils cadet de l'Empereur Qing, alors âge de cinq ans, connu sous le nom de règne de Shunzhi. Dorgon assura la régence.



Les Ming étaient particulièrement affaiblis militairement et économiquement, et furent incapables de profiter de l'incertitude politique momentanée des Qing. Parallèlement au conflit avec les Qing, les Ming devaient affronter les soulèvements des forces armées et des paysans en révolte, les armées rebelles étant menées par Li Zicheng et Zhang Xianzhong. Le 25 avril 1644, les troupes rebelles de Li Zicheng prirent Pékin : Chongzhen, le dernier empereur Ming, se suicida. Li Zicheng se proclama empereur du Grand Shun et partit ensuite affronter l'armée Ming à Shanhaiguan, passage de la Grande muraille. Le général Wu Sangui, qui commandait les troupes à Shanhaiguan, se rallia alors aux Qing. Li Zicheng célébra en toute hâte son couronnement le 29 avril, avant de quitter la capitale le lendemain. Les armées Qing, désormais alliées à une partie des anciennes troupes Ming, vainquirent les rebelles le 27 mai et prirent Pékin le 6 juin. Le 30 octobre, le jeune Shunzhi fut proclamé Fils du ciel, les Qing revendiquant le mandat céleste. Des funérailles officielles furent organisées pour l'Empereur Chongzhen, assurant une apparence de légitimité à la succession. Les combats contre les rebelles se poursuivirent : Li Zicheng fut tué dans le courant de l'année 1645 et Zhang Xianzhong, au début 1647.

La dynastie Ming

La dynastie Ming succède à la dynastie mongole des Yuan et régna de 1368 à 1644. Conservatrice et conventionnelle, tournée vers le passé et peu créatrice malgré quelques aspects brillants, l'époque Ming marque la dernière renaissance nationale chinoise.

Après avoir chassé les Mongols, Zhu Yuan Zhang, personnage légendaire et chef de paysans rebelles, fonde la dynastie Ming. Il choisit Nanjing comme capitale.

A sa mort, son petit-fils aîné lui succède. Mais l'oncle de ce dernier, Zhu Ti, gouverneur de Beijing, ne reconnaît pas cette succession. Il élimine facilement son neveu et devient l'empereur Yongle. La capitale est alors transférée à Beijing qui le restera jusqu'à la fin de la dynastie.

Le règne de l'empereur Yongle (1403-1424) est cependant resté célèbre dans les annales, car il fut le plus fastueux de l'histoire chinoise. Le pouvoir est encore assez fort pour manifester la puissance impériale en dehors des frontières: conquête de l'Annam, du Turkestan, réouverture de la Route de la soie.

L'empereur Yongle entreprend de nombreuses constructions à Beijing dont la Cité Interdite, le Temple du ciel et une enceinte autour de Beijing. Les travaux durent douze années et mobilisent un million de personnes dédiées à la main d'œuvre et cent mille artisans. La Cité Interdite constitue le symbole même de Beijing.

Le traumatisme de l'invasion Mongole reste profondément ancré chez les Chinois Han. Afin d'éviter le retour d'une nouvelle vague d'envahisseurs, Yongle et les empereurs successifs mobilisent des millions de personnes pour renforcer la Grande Muraille. De nombreux régiments de soldats sont massés tout au long de la muraille pour contrer toute attaque venant du Nord.

La plupart des sites de la Grande Muraille visités par les voyageurs d'aujourd'hui datent de l'époque des Ming. La partie située dans les environs de Beijing figure parmi celles des plus solides et majestueuses, car elle protège la capitale ainsi que les tombeaux des treize empereurs Ming.

Le trait le plus caractéristique de la société des Ming est l' apparition d' une puissante bourgeoisie. Les marchands, méprisés selon la tradition, peuvent enfin s' enrichir et s' afficher librement, au terme d' un long processus entamé dès les Cinq Dynasties et favorisé par la domination mongole, peu soucieuse de faire respecter les valeurs confucéennes. Cependant, l' état de fonctionnaire reste un idéal; les bourgeois eux-mêmes visent aux postes officiels, ce qui leur est rendu possible par la diffusion du livre imprimé. Quiconque peut ainsi acquérir la culture requise pour les examens. Mais il faut aussi la fortune, car la corruption triomphe à tous les niveaux. L' empereur est entouré d'eunuques qui le maintiennent dans l'ignorance des événements; ils filtrent et arrangent à leur goût les décrets. Ceux qui ne sont pas capables de «donner du poids» à leurs requêtes n'ont pas le droit de se faire entendre. Enfin, la condition des paysans, qui constituent l'autre extrémité de cette hiérarchie, est loin de s'améliorer. Ainsi donc, dès le début de la dynastie, la situation intérieure apparaît malsaine et génératrice de troubles.

La dynastie Ming adopte un système de gouvernement ultra centralisateur. Inéluctablement, la dynastie se replie sur elle-même. Protégée par la grande muraille au Nord, elle ferme également ses ports et ses frontières aux voyageurs étrangers.

Pourtant, un événement mineur va changer le cours de l'histoire. En 1644, des rebelles réussissent à envahir la capitale. Quand le commandant d'un fort stratégique de la Grande Muraille apprend que sa concubine préférée est aux mains des chefs des rebelles, il ordonne alors l'ouverture des portes pour laisser entrer l'armée Mandchoue. Cette initiative entraînera la chute de la dynastie Ming et l'avènement de la dynastie Qing.

Ming représente une époque importante pour l'art et la littérature. Le style des meubles et objets de décoration intérieure repose sur la sobriété et le raffinement. Parmi les objets fabriqués se distinguent notamment les fameux vases bleus Ming, réputés dans le monde entier.

La dynastie Yuan

La dynastie Yuan est une dynastie mongole fondée par Kubilai Khan et qui règne sur la Chine de 1271 à 1368. Elle vient à la suite de la dynastie Song qui avait régné sur la Chine du Sud entre 960 et 1279.

Sous cette dynastie, la Chine est entièrement sous domination mongole, ce qui lui vaut de nos jours encore une mauvaise image dans le peuple chinois. En effet, c'est la première fois que la Chine est gouvernée par une dynastie d'origine non-Han.

C'est aussi le premier exemple de la force d'assimilation de la culture chinoise. Les Mongols commencent à codifier leurs lois au contact de l'empire chinois. En 1268, Sakya Pandita et son neveu Drogön Chögyal Phagpa adaptent l'écriture ouighoure et tibétaine à la langue mongole qui, jusqu'à ce moment, était une langue orale uniquement.

Les souverains mongols ne réussirent jamais à trouver leur marques, partagés depuis Kubilaï entre le désir d'affirmer leur supériorité de caste dirigeante et celui d'être de vrais empereurs de Chine maîtrisant le fonctionnement du pays. Kubilaï mit en place un système qui consistait à utiliser les réseaux déjà existants (administration, structures religieuses etc.) tout en gardant au maximum le contrôle grâce à une concentration accrue des pouvoirs dans des services administratifs centralisés ou entre les mains de personnes de confiance, et en imposant des restrictions à la participation des Han à l'administration.

La population était en effet divisée en quatre castes ethniques bien distinctes. Les Mongols constituaient la première, et les autres peuples dits « aux yeux colorés », d'Asie centrale ou même d'Europe, la seconde. Les Chinois (Han), Jurchens et Mandchous de l'ancien territoire Jin, dits « du Nord », faisaient partie de la troisième caste, les Chinois et ethnies habitant l'ancien territoire des Song du Sud constituaient la dernière caste.

Tous les postes importants étaient réservés aux Mongols. Les mariages entre les Mongols et les autres castes étaient interdits, ce qui entretint la séparation ethnique et conserva sa nature étrangère à la famille et à la noblesse impériales. Sur la partie du territoire en majorité Han, les Yuan choisirent dans la mesure du possible des non-Han comme employés de l'administration, dont des étrangers, européens parfois. Les fonctionnaires Han étaient souvent envoyés en poste aux confins de l'empire.

Ce régime fut par la suite partiellement assoupli, par exemple par Renzong qui ré-instaura en 1313 les examens d'accès à la fonction publique, entamant l'exclusivité mongole sur certaines fonctions.

Jamais réellement chinois, les empereurs Yuan eurent néanmoins des tuteurs et conseillers chinois qui les influencèrent. Chengzong et Renzong, en particulier, avaient à cœur de développer leur nouveau domaine. Ce dernier, éduqué par Li Meng, un néo-confucianiste, était aussi influencé par les taoïstes qui avaient réussi à le persuader que, né le jour anniversaire du dieu Zhenwu, il en était l'incarnation. Il fit faire de grand travaux sur le mont Wudang en son honneur. Mais de manière générale, les empereurs Yuan furent jugés trop sinisés par les nobles mongols et encore trop mongols par les Chinois.

Une grande tolérance était observée de la part des Mongols vis-à-vis des religions autochtones.

Le grand canal fut prolongé jusqu'à Pékin. Routes et ponts furent construits en grand nombre afin de permettre une amélioration du commerce. Un système efficace de relais de poste fut organisé avec des relais pour les cavaliers à cheval. La réouverture de la route de la soie bénéficia au commerce. Pendant la pax mongolica le réseau de communication entre Orient et Occident sera grandement amélioré : "résultat imprévu autant qu'heureux pour la civilisation de la terrible conquête genghiskanhide" dit René Grousset. On assiste à la libéralisation des marchands et marchandises. Les meilleures marchandises étaient d'abord présentées au grand Khan puis le reste envoyé en Europe. Ce système enrichit énormément les marchands islamiques qui tinrent véritablement les finances de l'état mongol.

Des greniers furent construits pour y emmagasiner des réserves afin d'être distribuées gratuitement aux populations les plus pauvres en cas de disette.

Pendant la dynastie Yuan de nombreuses influences enrichirent la culture et les connaissances.

Des connaissances scientifiques et techniques étrangères pénétrèrent en Chine. La cartographie et la géographie progressèrent. Les mathématiciens Zhu Shijie et Guo Shoujing poursuivirent les efforts entamés sous les Song. Ce dernier est également le concepteur du premier système d'irrigation de pâturages tenté dans la région de Shangdu (Kaiping). L'astronomie progressa avec la création d'une clepsydre très perfectionné et d'observatoires à Dadu et sur le mont Song. Jamal al-Din, astronome d'origine persane, conçut le calendrier de la dynastie. De nouveaux instruments scientifiques furent inventés.

Le théâtre connut un grand essor. Les empereurs entretenaient des troupes au palais, et c'est à cette époque que fut introduit l'accompagnement instrumental. La littérature en langue vernaculaire, le roman et la littérature de voyage se développèrent.

C'est aussi à cette période que les premiers explorateurs européens arrivèrent en Chine. Parmi eux Marco Polo, qui restera de 1275 à 1291 en Chine et dont l'ouvrage, le Livre des merveilles du monde, est à l'origine de la fascination que la Chine exerce sur les Européens. C'est sous les Yuan que pourront voyager la poudre explosive, l'imprimerie, les techniques d'ingénierie et les pratiques médicales.

Les mélanges de population aux confins occidentaux de l'empire s'accompagnèrent d'une expansion de l'Islam. Des communautés musulmanes et ouïgoures commencent à se constituer au Xinjiang, au Gansu et au Yunnan.

Au milieu du XIVème siècle, malgré des efforts de sinisation partielle de la part de certains empereurs, la dynastie mongole avait créé trop d'insatisfaction, et il ne lui fut pas épargné les calamités naturelles aggravant le mécontentement de la population. Des révoltes eurent lieu, encadrées comme c'est souvent le cas par des mouvements religieux. Le coup de grâce fut donné par Zhu Yuanzhang, fondateur des Ming, qui avait étudié les techniques militaires mongoles et pris la tête du mouvement des Turbans rouges, dont une des branches provenait de la Secte du Lotus Blanc. Sous la pression des rebelles, l'empereur Toghan Temur s'enfuit en Mongolie en 1368. Il continua de se considérer comme le souverain de la Chine (Yuan du Nord), tandis que Zhu Yuanzhang proclamait de son côté l'avènement des Ming. Les armées chinoises entreprirent l'attaque de la Mongolie en 1380 ; sa capitale, Karakorum, tomba en 1388. Toghan Temur et les deux empereurs qui se succédèrent jusqu'à cette date sont parfois appelés empereurs des Yuan postérieurs.

La tradition chinoise prétend que le signal de l'insurrection anti-mongole fut donné le soir de la Fête de la mi-automne par des messages dissimulés dans les gâteaux de lune, consommés par les seuls Hans.